Evolution des prix ...

Nous avons eu plusieurs questions de touristes et de donateurs qui suivent notre travail pour la filière gemmologue, au sujet de l'évolution des prix des pierres gemmes.

Pour apporter quelques élements de réponse et bien que le rôle de l'A.F.A. ne soit pas d'intervenir sur les sujets liés directement au commerce des pierres, nous prendrons le cas de la tourmaline.

Alors que le prix du brut était de 5 000 ariary environ le gramme pour du semi-gemme en 2005, nous constatons aujourd'hui (soit 10 ans plus tard) que le prix est autour des 75 000 ariary ce qui correspond en fait si l'on tient compte de l'évolution du taux de change, à une multiplication du prix par 12,5 environ si on raisonne en euros.

On pourrait considérer que cette évolution est très importante. Il faut bien sûr prendre en compte le niveau de l'inflation constatée durant ces années qui réduit un peu ce phénomène de hausse de prix. Toutefois, après  intégration de ces différents éléments, l'évolution des prix du brut dans cet exemple correspond à un facteur multiplicateur de plus de 5. 

Dans la réalité il faut savoir que le marché du brut a connu sur cette période une profonde modification en terme d'organisation. L'arrivée et l'installation de négociants asiatiques et africains ont totalement changé les pratiques commerciales. Les négociants malgaches ont de plus en plus de difficultés a s'approvisionner en brut à des prix abordables pour eux, même en se rendant à proximité des sites d'extraction.

La puissance d'achat de certains opérateurs a effectivement modifié la donne depuis quelques années.

Ainsi le prix du gramme pour du brut de qualité gemme se négocie autour de 300 000 ariary soit environ 100 € aujourd'hui. A titre d'exemple, il n'était que de 10 € en 2010. Nous constatons donc en fait une augmentation importante des prix sur les 10 dernières années, phénomène qui s'accentue depuis 2 ans.

Cette situation n'est pas spécifique à la tourmaline, puisque nous retrouvons le même phénomène pour les aigues-marines mais aussi la morganite ou il n'est pas rare d'atteindre des prix au carat de l'ordre de 150 à 180 € pour des pierres de 20 à 30 carats alors que les prix se situaient autour des 20 € en 2010 (à qualité égale bien sûr).

La problématique, de notre point de vue en tant qu'association aidant au développement de la filière gemmologue, réside dans le fait que ceux qui souffrent le plus de cette évolution sont les négociants malgaches. Nous ne pouvons que répéter notre message habituel délivré à nos différents interlocuteurs : c'est par le développement du tourisme et la venue de nombreux particuliers sur place que nous pourrons permettre l'amélioration des conditions de vie des acteurs de la filière car l'activité auprès des professionnels étrangers est soumise à une très forte concurrence extérieure.